Coup de projecteur sur la pêcherie de noisette de mer à la nasse

Entretien avec Perrine Cuvilliers, secrétaire générale de l’OP du Sud

 

Perrine Cuvilliers, secrétaire générale de l’OP du Sud, nous livre les secrets de la pêcherie et de ce coquillage qui gagne à être connu sur nos côtes méditerranéennes.

Equipe Medfish : Qui pratique la pêcherie de noisette de mer ? Quelles sont les principales zones de pêche ?

Perrine Cuvilliers : La pêcherie de noisette de mer est pratiquée par des navires petits métiers polyvalents de moins de douze mètres. L’engin de pêche utilisée est une nasse. Les nasses sont déposées en filière et relever le matin. Les pêcheurs adhérents de l’OP du Sud pratiquent cette pêche principalement au large d’Agde, du Grau-du-Roi et des Saintes-Maries-de-la-Mer.

Il faut savoir que l’espèce se nomme la nasse changeante. Les pêcheurs ont décidé de renommer l’espèce « noisette de mer », terme plus intéressant pour sa commercialisation.

La noisette de mer est pêchée depuis très longtemps par les pêcheurs italiens en Mer Adriatique. Au contraire, c’est une pêcherie récente en Méditerranée française. Avant 2010, la ressource n’était pas exploitée car elle n’était pas commercialisée. Mais dû à la demande du marché espagnol et italien, la pêcherie s’est peu à peu développée sur nos côtes. Elle représente même désormais une part importante du chiffre d’affaire de certains pêcheurs.

 

Quels ont été les premiers enjeux pour la pêcherie ?

Ce sont les professionnels qui sont à l’initiative des études et projets de recherche en cours sur la pêcherie. En effet, lorsqu’ils se sont lancés dans l’exploitation du stock, encore vierge, ils ne voulaient pas reproduire les mêmes erreurs que pour certaines autres pêcheries, à savoir des stocks fragilisés et des captures en baisse. Il y a eu dès le début une réelle volonté d’encadrer la pêcherie pour assurer une exploitation durable de la noisette de mer.

L’OP a donc mené un premier projet sur la pêcherie entre 2015 et 2017 : le projet « Nasse ». Le projet se concentrait entre autres sur la sélectivité de la pêcherie. Différents maillages pour l’engin de pêche ont été testés afin de permettre aux petits individus d’être relâchés, des grilles de tri ont également mis en place à bord des navires pour calibrer la taille des individus capturés et remettre à l’eau les plus petits. L’autre objectif du projet était de mieux valoriser l’espèce localement. En effet, la nasse changeante est encore très peu connue sur nos côtes, et est quasi-exclusivement vendue en criée pour le marché espagnol et italien. C’est à partir de ce projet que nous avons également opté pour la dénomination « noisette de mer ».

 

Comment s’est poursuivi la dynamique ?

À la suite de ce projet, de nombreux pêcheurs professionnels s’interrogeaient sur les caractéristiques biologiques de la noisette de mer : vitesse de croissance, déplacement, alimentation, période de reproduction, etc… C’est pourquoi le projet « PEEXNAC » a été lancé en 2018 par le Cépralmar, en partenariat avec l’OP du Sud et ses adhérents. Ce projet, d’une durée de 3 ans, a plusieurs objectifs :

  • Il vise à connaître la courbe de croissance de l’espèce en échantillonnant le maximum d’individus (du plus petit au plus gros) à l’aide de nasses placées chaque mois sur différents sites.
  • Des plongées sur site permettent d’observer la présence et l’abondance in situ de la noisette de mer à différents périodes de l’année et sur différents sites.
  • Des noisettes sont placées dans des bassins de différentes températures afin d’y étudier les variations du comportement des individus : leur mode de déplacement, leur alimentation et leur enfouissement dans le sable.

Une fois les résultats connus sur ces différents paramètres, une phase de concertation sera menée avec les professionnels en vue de définir les mesures de gestion optimales pour la pêcherie.

 

En quoi le projet Medfish a été un atout pour la pêcherie ?

Le projet Medfish a pu fournir un premier diagnostic de la pêcherie d’un point de vue environnemental en rassemblant toutes les données disponibles. Puis à travers les différents ateliers organisés, nous avons pu définir collectivement les actions d’amélioration nécessaires pour la pêcherie afin d’assurer sa durabilité.

Le plan d’action construit a mis en lumière tout l’intérêt de mener des projets de recherche sur le stock de noisette de mer et d’impliquer les acteurs locaux et régionaux dans la démarche. Il a permis d’appuyer la recherche de financement pour lancer le projet PEEXNAC et ainsi s’inscrire dans cette dynamique de progrès.

 

Des idées de recette à partager pour déguster la noisette de mer ?

Je dirais que la meilleure manière de consommer la noisette de mer est la plus simple : la cuire dans de l’eau bouillante, la faire refroidir et la déguster avec de l’aïoli. Mais on peut aussi la cuisiner en sauce pour garnir son plat de pâtes… encore faut-il prendre le temps de toutes les décortiquer !

 

Pour plus d’information sur la pêcherie de noisette de mer à la nasse engagée dans Medfish : http://www.project-medfish.com/fr/les-pecheries/pecherie-de-noisette-de-mer-a-la-nasse-du-golfe-du-lion/

Pour plus d’information sur l’OP du Sud : https://opdusud.fr/