Pêcheries d’oursin et de dorade rose : les résultats des pré-évaluations disponibles.

En 2019, deux nouvelles pêcheries méditerranéennes françaises ont intégré le projet Medfish. Les diagnostics de durabilité sont désormais disponibles. Retour sur cette étape et les résultats obtenus.

 

Des espèces emblématiques de Méditerranée intégrées au projet Medfish

Grâce à l’expérience acquise auprès des 7 pêcheries engagées depuis le début du projet, et suite aux discussions engagées avec un large panel d’acteurs méditerranéens, il est apparu important d’étendre le projet à de nouvelles pêcheries pour fournir aux parties prenantes une feuille de route pour en assurer une exploitation durable. Deux nouvelles pêcheries ont été incluses dans le projet en France en Janvier 2019 :

 

La pêcherie d’oursin en plongée (apnée et bouteille) du Golfe du Lion

L’oursin est une espèce emblématique des régions PACA et Occitanie. Son exploitation est pour le moins spécifique : les oursiniers plongent en apnée jusque plusieurs mètres de profondeur et collectent les individus à l’aide d’une grappe. Dans les Bouches-du-Rhône, les pêcheurs sont équipés de bouteilles et peuvent plonger jusqu’à une vingtaine de mètres pour prélever les individus.

 

La pêcherie de dorade rose aux métiers de l’hameçon du Golfe du lion

La dorade rose est également une espèce emblématique des côtes méditerranéennes. La pêcherie aux métiers de l’hameçon, majoritairement à la palangre de fond et la palangre verticale, est plus particulièrement concentrée dans le Var et les Alpes-Maritimes dû aux caractéristiques des fonds marins. L’espèce est en effet pêchée à des profondeurs importantes comprises entre 300 et 600 mètres de fond.

 

Un diagnostic mené par des consultants indépendants

Control Union Pesca, organisme de certification indépendant, a réalisé une pré-évaluation pour chacune des deux pêcheries. Ce travail conduit en 2019 a permis d’identifier les forces et les points d’amélioration des pêcheries selon les 3 principes du Référentiel Pêcheries du MSC : l’état du stock cible, l’impact environnemental de la pêcherie et le système de gestion en place. En plus des données bibliographiques collectées, l’équipe de pré-évaluation a pu s’entretenir auprès des parties prenantes des pêcheries (scientifiques, gestionnaires de parcs marins, pêcheurs et leurs représentants, représentants de l’administration) afin de fournir un diagnostic environnemental le plus fiable possible avec les données à disposition.

Plusieurs points identifiés pour améliorer les pêcheries

Les conclusions des pré-évaluations (disponibles ici) mettent en lumière plusieurs enjeux liés à la durabilité des pêcheries d’oursin et de dorade rose :

Un manque de données disponibles sur les espèces et les pêcheries

Un des points d’amélioration majeurs mis en avant par les consultants en charge du diagnostic concerne le niveau de données insuffisant pour déterminer l’état des stocks et l’impact de la pêcherie sur ces derniers. Ceci est une problématique commune pour la majorité des pêcheries françaises engagées dans Medfish. Le manque de fiabilité des données de captures, l’absence d’un suivi de population à l’échelle des stocks, ou encore la pêche de loisir non-quantifiée sont pointés du doigt. En ce qui concerne la pêcherie de dorade rose, les données manquent également pour évaluer l’impact de la palangre et de la ligne sur les espèces accessoires, et sur les organismes benthiques vulnérables (pour la palangre de fond).

Un impact environnemental faible des oursiniers

La pêcherie d’oursin se caractérise par une forte sélectivité. La collecte manuelle à l’aide d’une grappe calibrée à la taille minimale de captures de l’espèce n’engendre pas de captures accessoires ni de prises d’oursins juvéniles. De plus, la pratique en plongée n’engendre pas de dommage important sur les habitats marins.

Un cadre de gestion existant, mais des améliorations nécessaires pour améliorer son efficacité

Que ce soit à l’échelle nationale, régionale ou locale, un cadre de gestion global est en place. Des mesures de gestion réglementaires existent pour ces pêcheries (taille minimale de captures, restrictions sur les engins de pêche, période de fermeture annuelle pour l’oursin). Cependant, il n’y a actuellement pas de preuve que ces mesures de gestion sont efficaces pour assurer la durabilité des stocks.

Les pré-évaluations concluent qu’une communication et une collaboration renforcées entre les différents acteurs permettrait une meilleure prise en compte des problématiques des pêcheries afin d’y répondre efficacement. C’est notamment l’objectif des instances de consultation mise place au niveau régional pour la pêcherie d’oursin, ou encore des initiatives locales de concertation au sein de certains parcs marins pour les deux pêcheries.

Des progrès sont nécessaires pour renforcer le système de contrôle et de surveillance des pêcheries, dont les ressources sont limitées pour assurer l’application des mesures de gestion par les pêcheurs professionnels et plaisanciers.

 

Des plans d’action pour construire une feuille de route collective

Ces résultats serviront de base pour construire des plans d’actions pour les pêcheries afin de répondre aux points d’amélioration identifiés. Des ateliers participatifs d’élaboration des plans d’actions seront organisés en cette année 2020, réunissant l’ensemble des parties prenantes des pêcheries. Ils permettront de définir collectivement une feuille de route vers la durabilité pour chaque pêcherie : actions d’amélioration à mener, porteurs de projet et partenariats entre acteurs, ressources humaines et financières nécessaires.

 

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